A Roland-Garros,

On pensait que le lancement de Roland-Garros de Novak Djokovic ne s’accompagnait pas de la moindre histoire ce lundi. C’était mal connaître le numéro 3 mondial, pourtant solide vainqueur de l’Américain (d’origine serbe) Aleksandar Kovacevic (6-3, 6-2, 7-6) au premier tour. Au moment de quitter le court Philippe-Chatrier, celui qui vient de lancer à Paris la conquête d’un 23e tournoi du Grand Chelem, s’est ainsi distingué avec un geste qui va animer les débats de ce début de Roland-Garros.

Le joueur de 36 ans a pris quelques instants pour inscrire un message au marqueur blanc sur la traditionnelle caméra dédiée aux dédicaces des joueurs. Sauf que Novak Djokovic a écrit, en cyrillique, un message clairement politique sur cette caméra, à savoir « Le Kosovo, c’est le cœur de la Serbie ! Stop à la violence ». Cet épisode inattendu a eu lieu ce lundi après-midi, alors que les tensions entre la Serbie et le Kosovo se sont renforcées ces dernières semaines, évidemment au sujet de l’indépendance autoproclamée du Kosovo.

« Je ne suis pas un politicien »

Les unités armées serbes viennent ainsi de se rapprocher de la frontière avec le Kosovo, sur ordre du président Aleksandar Vucic. Et ce après des affrontements entre des manifestants et des policiers, dans une ville du Kosovo à majorité serbe. Cette actualité condamnée par la France, mais aussi la Grande-Bretagne, l’Italie, l’Allemagne et les Etats-Unis, a donc poussé Novak Djokovic à prendre position, relaient ce lundi des médias serbes. Ce n’est pas la première fois puisque dès sa première victoire en Grand Chelem, à l’Open d’Australie en 2008, « Nole » avait proclamé « Le Kosovo est la Serbie », en soutien à un rassemblement à Belgrade.

Durant sa conférence de presse ce lundi, Novak Djokovic s’est exprimé uniquement en serbe pour développer son propos : « Je ressens la responsabilité d’apporter mon soutien, en tant que personnalité publique, et en tant que fils d’un homme né au Kosovo. C’est le moins que je puisse faire. Je ne suis pas un politicien et je n’ai pas l’intention d’entrer dans un débat politique ».

On est curieux de voir comment les organisateurs de Roland-Garros vont réagir, puisque la charte du tournoi interdit aux joueurs d’afficher publiquement des opinions politiques ou religieuses. « Je ne sais pas si je vais être sanctionné, mais je ne me retiendrai pas, je le referai », a précisé le numéro 3 mondial aux médias serbes présents à Paris. Pas certain donc qu’il soit beaucoup question dans les prochains jours de son deuxième tour face au Hongrois Márton Fucsovics.